Portrait : Louise, ergothérapeute

Publié le 21 janvier 2021

"Notre profession aide à développer une société plus inclusive où les handicaps visibles et invisibles sont mieux pris en compte pour permettre aux patients de vivre décemment et en toute autonomie. "

Pourriez-vous décrire votre fonction à l’Hôpital ? 

Je suis l’une des deux ergothérapeutes de l’Hôpital. Nous intervenons sur l’ensemble des activités de la neurologie, principalement auprès de patients victimes d’AVC, de traumatismes, de maladies chroniques ou post chirurgie. L’ergothérapie est une profession paramédicale soumis à la prescription médicale.

Quel est votre parcours professionnel ? 

Après un bac scientifique, puis deux ans d’études en architecture, j’ai souhaité exercer un métier privilégiant le contact humain. Je me suis alors orientée vers l’ergothérapie car je connaissais un ergothérapeute exerçant en pédiatrie. Après trois années d’études à l’IFE Montpellier (Institut de formation en ergothérapie) et un mémoire de recherche sur l’évaluation des troubles cognitifs chez les personnes ayant subi un AVC et présentant des troubles du langage, j’ai obtenu le diplôme d’état d’ergothérapeute (DEE). J’ai ensuite travaillé pendant 4 ans à l’hôpital Vaugirard, puis 4 ans également à l’hôpital Fernand-Widal. J’ai rejoint, en janvier 2021, l’unité de médecine physique et de réadaptation (MPR) coordonnée par le Dr Sara Ghadimi Nassiri pour notamment mettre en place des projets d’évaluation de la conduite automobile pour des patients post-AVC et pour le programme d’éducation thérapeutique FONDA’AVC.

En quoi consiste votre métier d’ergothérapeute à l’Hôpital ? 

À comprendre les difficultés et les ressources d’une personne ayant subi un AVC ou un traumatisme pour l’aider à retrouver son autonomie. Notre fonction s’inscrit dans une prise en charge pluridisciplinaire du patient en lien, suivant ses besoins, avec les diététiciens, les assistants sociaux, les médecins, les psychologues, les kinésithérapeutes, les orthophonistes, les psychomotriciens…

Comment se déroule la prise en charge ? 

Après une rencontre avec le patient, et parfois avec ses proches, l’ergothérapeute propose des évaluations et/ou des solutions en rapport avec ses besoins pour préconiser et argumenter soit une orientation vers un centre de rééducation, soit vers son domicile.
Pour ce faire, nous évaluons les besoins d’installation au lit et au fauteuil et l’autonomie du patient dans ses activités de la vie quotidienne (se laver, s’habiller, utiliser les moyens de communication, faire des courses, prendre les transports en commun…). Nous pouvons, au besoin, nous déplacer au domicile du patient pour mieux appréhender les répercussions de ses troubles dans son environnement afin de mettre en place les aides humaines et matérielles adaptées. Nous accompagnons également les aidants pour faciliter les conditions du retour à domicile tout en préservant au mieux le tissu familial.

Quels sont vos atouts pour ce métier ? 

La patience, l’écoute, l’empathie, l’observation et une grande capacité d’adaptation. Nous devons nous mettre au rythme et à l’écoute du patient pour lui proposer un projet de soins adapté à son mode de vie et qui a du sens pour lui. Nous devons veiller à ce que le patient soit l’acteur de sa santé sans projeter nos propres ambitions d’objectifs à atteindre. Car, de retour à domicile, il sera confronté à son environnement et devra trouver ses propres solutions. La démarche d’autonomisation rapide du patient est l’une des clés de réussite pour le retour à la vie normale.

Quelles sont les difficultés que peut rencontrer un ergothérapeute en hôpital ? 

Notre profession est en pleine évolution mais encore peu connue. Cette méconnaissance de notre métier nous demande beaucoup d’énergie pour mettre en place les bons projets de soin pour les patients. La sollicitation des ergothérapeutes est permanente pour obtenir un environnement de travail adapté (matériel, espace, autorisations…). En libéral, le principal frein reste l’absence de prise en charge par la sécurité sociale.

Que souhaiteriez-vous dire en conclusion de cette interview ? Il y a une dizaine d’années, quand j’ai passé mes concours, seulement six écoles délivraient le diplôme d’état d’ergothérapeute, il en existe 26 aujourd’hui ! Cet essor répond à des besoins croissants de la population qui, grâce aux progrès médicaux peut survivre à des maladies ou des accidents graves mais en conserver des séquelles plus ou moins importantes. Notre profession aide à développer une société plus inclusive où les handicaps visibles et invisibles sont mieux pris en compte pour permettre aux patients de vivre décemment et en toute autonomie. 

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