La toxine botulique est la plus puissante des neurotoxines utilisée en thérapeutique. Elle bloque de façon réversible les jonctions neuro-musculaires, diminuant ainsi la force de contraction d’un muscle ou la sécrétion de glandes salivaires ou sudoripares. La toxine a une action symptomatique mais n’agit pas sur la cause du trouble. Les muscles responsables doivent être définis avec précision ainsi que les doses à injecter pour éviter les effets indésirables, sources de complications toujours réversibles mais justifiant un traitement adapté (troubles de la déglutition, troubles respiratoires, kératites…). Les médecins injecteurs doivent bénéficier d’une formation spécifique.
Qu’est-ce que la toxine botulique ?
Quelles sont les principales indications de la toxine botulique en ORL ?
Les dystonies cervico-faciales
- Les dystonies cervico-faciales sont des mouvements anormaux, involontaires et incontrôlables des structures musculaires de la face et du cou. Elles sont liées à un trouble de la commande centrale responsable d’une hyperactivité musculaire. Elles peuvent concerner un ou plusieurs groupes musculaires : ces dystonies peuvent donc être isolées ou associées chez un même patient.
- Le blépharospasme est une fermeture involontaire des paupières pouvant créer des troubles de la vision, voire une véritable cécité fonctionnelle. Il se traite par l’injection de toxine dans les muscles orbiculaires des paupières tous les trois à six mois.
- La dystonie laryngée est liée à un spasme des cordes vocales responsable de troubles de la voix invalidants. La forme la plus fréquente est la dysphonie spasmodique qui se manifeste par une voix hachée ou inaudible. Il existe aussi des dystonies en adduction et plus rarement en abduction. Certaines dystonies s’accompagnent de difficultés respiratoires comme le syndrome EILO (Exercice induced Laryngeal Obstruction) qui survient chez des jeunes sportifs. Le traitement consiste à injecter la toxine dans les cordes vocales sous contrôle électromyographique tous les quatre à six mois.
- La dystonie de la bouche et de l’oesophage entraîne un blocage lors de la déglutition des aliments solides avec un amaigrissement progressif. Elle se traite par l’injection de toxine dans la bouche de l’œsophage sous contrôle électromyographique avec une fréquence variable suivant les patients.
- La dystonie oro-mandibulaire est un trouble de la contraction des muscles de la mâchoire qui va perturber la mastication et la déglutition ainsi que la parole avec un serrage excessif des mâchoires ou une ouverture involontaire de la bouche lors de ces activités. Les muscles responsables sont repérés grâce à l’électromyographie qui va permettre l’injection de toxine dans la zone d’hyperactivité. Ce traitement est répété en moyenne tous les quatre à six mois.
Le spasme hémifacial
Il s’agit de la contraction involontaire des muscles de la moitié du visage avec fermeture de l’œil et déviation de la bouche. Ce spasme peut être lié à un conflit vasculo-nerveux dans la fosse cérébrale postérieure (l’artère vient battre contre le nerf facial) ou apparaître dans les suites d’une paralysie faciale. L’un des traitements consiste à injecter régulièrement de la toxine botulique dans les muscles du visage responsables des mouvements anormaux.
Le bruxisme
Le bruxisme (grincement des dents) est une contraction involontaire des mâchoires durant le sommeil (et éventuellement dans la journée) qui entraîne une usure importante des dents avec des douleurs des articulations temporo-maxillaires. La force musculaire des muscles masticateurs doit être diminuée par l’injection de toxine sous contrôle électromyographique afin d’éviter les fractures dentaires (ou des prothèses et implants) et l’altération des articulations temporo-maxillaires, source de douleurs importantes.
Les troubles de la salivation
- Le Syndrome de Frey : il peut apparaître dans les suites de l’ablation de la glande parotide. Les terminaisons nerveuses destinées à la glande vont dans certains cas (10%) coloniser les glandes sudoripares et entraîner lors des repas l’apparition d’une rougeur et d’une sudation importante de la peau de la joue du côté opéré. Cette réaction peut être supprimée par l’injection de toxine botulique dans la peau en moyenne une fois par an.
- L’hypersialorrhée : le patient est gêné par l’excès de salive lors de la parole et par le bavage. Ce trouble est lié à la perte de la déglutition automatique de la salive dans certaines maladies neurologiques. Il peut être corrigé par l’injection de toxine botulique dans les glandes salivaires principales (sous-mandibulaires et parotides). Les glandes sont repérées par échographie ; cet examen permet aussi de vérifier l’injection intra-parenchymateuse de la toxine qui va diminuer la sécrétion salivaire pendant trois à six mois.
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